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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 16:15

J'était en Terminale et je préparait mon bac, comme il se doit. Par un concours de circonstances, cette année là, je suis tombé sur un florilège de vrais professeurs qui m'ont appris des choses qui m'ont marquées définitivement.

Un jour, notre professeur d'histoire nous à dit, je cite de mémoire :

"Nous devons travailler la guerre de 14-18 qui fait partie du programme. Mais avant de commencer, je voudrais vous lire un texte. Il faut se remettre dans le contexte. C'est la guerre depuis deux ans. Beaucoup de combattants ont à peine plus que votre âge. Ils vivent depuis deux ans dans les tranchées au milieu des rats, infestés par les poux, mangés par la crasse et la gale. Ils mangent des choses immondes. Ils dorment (quand ils le peuvent) dans la boue. Ils ont vu leurs compagnons d'arme déchiquetés à coté d'eux dans une guerre de position qui n'avance plus et dont ils n'ont jamais compris le sens. Et ils reçoivent ce texte, que leur officier leur lit dans un fond sonore d'explosions lointaines."

Ce texte, je l'ai recopié et je l'ai encore.

UN SOLDAT QUI NE SALUT PAS N'EST PAS UN SOLDAT...

C'est un sauvage.

12 D.I.
Etat-Major

P.C. le 8 octobre 1916

Le général commandant la division a constaté que, d'une manière générale, le salut était gauchement exécuté par les hommes et médiocrement rendu par les officiers.

En conséquence, le salut sera exécuté à la 12e D.I. conformément aux prescriptions ci-dessous :

--- Le Salut du Vrai Poilu ----
(3 temps)

1er temps - En vrai coq gaulois, se redresser vivement sur ses ergots, rassembler vigoureusement les talons. Porter lestement la main droite dans la position du salut réglementaire, tendre tout ses muscles, la poitrine bombée, les épaules effacées, le ventre rentré, la main gauche ouverte, le petit doigt sur la couture du pantalon. Planter carrément les yeux dans les yeux du supérieur, relever le menton et dire intérieurement :
<< Je suis fier d'être un Poilu.>>

2ème temps - Baisser imperceptiblement le menton, faire rire ses yeux et dire intérieurement à l'adresse de son supérieur : 
<< Tu en es un aussi, tu gueules quelque fois, mais cela ne fait rien, tu peut compter sur moi.>>

3ème temps - Relever le menton, se grandir par une extension du tronc, penser aux boches, et crier intérieurement : <<On les aura, les salauds.>>

 

--- Le Salut de l'Officier---
(2 temps)

1er temps - Envelopper le soldat d'un regard affectueux, lui rendre le salut les yeux dans yeux, lui sourire discrètement et lui dire intérieurement :
<<Tu es sale, mais tu es beau.>>

2ème temps - Relever le menton, penser aux boches et dire intérieurement :
<< Grâce à toi, on les aura, les cochons.>>

Ces textes devront être appris par coeur.

Signé: Général Brissaud.

 

Personnellement, cette lettre, je l'ai appris par coeur et je ne l'ai jamais oublié. 

J'ai englouti les livres de Remarque et Dorgelès juste après...

 

 

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commentaires

S
Personellement, je n'aime pas les saluts, encore moins militaires...Je respecte toutefois ceux qui ont fait cette guerre.
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