Nous jouions une pièce dans un vrai théâtre du centre ville. Pièce que nous avions écrit nous même. Ca s'appelait "Café Bouillu" .
Et quand je veut dire jouer, c'était quatre soirs par semaine, pendant trois semaines, dans un vrai théâtre. Tournée de pro.
Je situe, nous avions construit nous même les décors avec les moyens du bord. Cela se passait dans un bistrot.
Visualisez, une porte vers les appartements coté Jardin (à gauche), un accès simple à la cave du bistrot au centre, l'entrée coté Cour (à droite).
Les portes, c'est toujours une hantise quand on conçoit un décor de théâtre. Il faut étayer, lester avec des parpaings, ça doit fonctionner coûte que coûte.
Un soir, nous est arrivé le plus irrépressible fou rire que nous avons pu avoir sur scène.
Une actrice devait faire une sortie énergique par la porte de l'appartement. Et ce soir là, au lieu de pousser, elle a tiré sur la porte...
Quand elle s'est rendu compte de son erreur, elle a voulu pousser, mais là, trop tard !
Elle avait coincé la porte et était bloquée sur scène, incapable de faire sa sortie...
Gros moment de flottement. Elle s'énerve sur la porte. La secoue en répétant sa réplique finale.
Nous, dans les coulisses, nous nous précipitons, on essaie de débloquer la porte avec les moyens du bord. Rien à faire...
Le public commence à comprendre que quelque chose de pas très normal est en train d'arriver et les rires fusent.
Sur scène, c'est la panique et un début de fou-rire difficilement contenu. Cela dure une minute, et je peut vous dire qu'en "temps théâtre" une minute c'est beaucoup plus que soixante secondes...
Dans les coulisses, nous on ne peut plus rien faire, on est couchés par terre, pliés de rire à s'en faire mal aux cotes.
Alors, l'acteur qui donnait la réplique à l'infortunée prisonnière, au bout de ses ressources, ne trouve rien de mieux à dire que "Passe par la cave !".
Hurlements de rire dans la salle.
Finalement, ce soir là, nous avons eut une "standing ovation".
C'est ça le théâtre, le "direct live" dans toute sa splendeur, la marche sur la corde raide, et quand les spectateurs ont la conscience de vivre quelque chose qu'ils comprennent être un événement
unique, ça casse la baraque.
Le lendemain, nous avons renforcé la porte... Ce n'est plus jamais arrivé.
Jacky, Olivier, Sylvie, Séverine, Eric, Philippe, je suis sur que vous n'avez pas oublié...